Un congrès sur les insectes comestibles à Québec
Tempura de ver géant, tacos de criquets, brochettes de sauterelles, salade de poire aux fourmis de Chiangbai… ça vous inspire? Dans un futur pas si lointain, de tels mets seront peut-être au menu de nos repas ou de banquets dans les congrès et événements.
Des scientifiques, dont Grant Vandenberg, professeur à la Faculté des sciences de l’agriculture et de l'alimentation de l’Université Laval et membre du Cercle des ambassadeurs de Québec, imaginent sans peine un tel avenir, car les insectes peuvent contribuer à nourrir la planète et à sauver l’environnement. C’est ce dont il sera question lors de la 4th International Conference Insects to Feed the World (IFW) qui se tiendra à Québec en juin 2022!
En grande première au Canada : un événement consacré aux insectes
L’éminent travail de M. Vandenberg, et la force de l’industrie de l'alimentation, de la nutrition et de l'agroalimentaire de Québec, seront mis en lumière lors de la 4th International Conference Insects to Feed the World (IFW).
Des centaines de pionniers et d’experts du domaine, de même que des entreprises cherchant à exploiter le marché des insectes comestibles, y discuteront notamment d’ethnoentomologie, de systèmes de production d’insectes, d’économie circulaire pour assurer la durabilité de l’environnement et de produits non alimentaires à base d’insectes. Au départ, cette importante conférence internationale devait se tenir en présentiel au Centre des congrès de Québec, en juin 2020, mais elle s’est finalement déroulée de façon virtuelle en raison de la pandémie. Pour 2022, le comité organisateur local a pris la décision d’organiser l’événement en format hybride.
Ce sera une grande première au Canada! Les deux premières éditions de cet événement avaient eu lieu aux Pays-Bas, en 2014, et en Chine, en 2018. De concert avec Marie-Hélène Deschamps, professeure adjointe et titulaire de la Chaire de leadership en enseignement en production et transformation primaire d’insectes comestibles (CLEIC) au département des sciences animales à la Faculté des sciences de l’agriculture et de l’alimentation de l’Université Laval, M. Vandenberg a su amener le congrès à Québec en raison des avancées des chercheurs de la région dans le cadre de leurs études sur l’utilité des insectes pour le bien des êtres humains, des animaux et de l’environnement.
La transformation d’insectes en nourriture : Québec au premier plan
La province de Québec se situe au premier plan pour ce qui est de l’élaboration de bioprocessus permettant de réaliser, à l’échelle industrielle, la transformation d’insectes comestibles en nourriture. À Québec, les programmes de recherche et les projets privés axés sur les insectes, stimulés par l’engagement visionnaire du gouvernement provincial envers l'environnement et la durabilité, laissent leur marque sur l’industrie agroalimentaire partout au pays et dans le monde.
Des solutions durables à la crise alimentaire
Selon les prédictions des Nations Unies, la population mondiale atteindra 9 milliards de personnes d’ici 2050, ce qui sonne l’alarme de la sécurité alimentaire, tant pour les humains que pour les animaux. Une telle croissance applique une énorme pression sur la production de nourriture provenant de l’agriculture et des écosystèmes.
« Le changement climatique a des répercussions sur les ressources aquatiques et forestières, et comme les terres agricoles se font plus rares, les chercheurs et les organisations se précipitent pour trouver des solutions durables à la crise alimentaire », explique M. Vandenberg.
Et l’une des solutions les plus attrayantes à notre disposition — d’ailleurs déjà exploitée dans de nombreux pays du globe — est l’utilisation d’insectes dans la production d’aliments à l’intention des humains et des animaux.
Les insectes à la rescousse de l’environnement
Depuis le tout début de sa carrière, M. Vandenberg s’affaire sans relâche à tirer parti des meilleures approches agroalimentaires pour s’attaquer aux enjeux environnementaux. L’un des plus importants défis qu’il a entrepris de relever est de trouver une solution à l’alimentation des poissons d’élevage.
« La surpêche et la pêche non réglementée occasionnent une surexploitation ou un épuisement des stocks de poisson. L’aquaculture, si on la pratique de manière durable et dans le respect des normes de réglementation, joue un rôle crucial dans la protection de la culture marine. » Malheureusement, comme le souligne M. Vandenberg, les élevages de poissons sont nourris à la farine de poisson, qui provient invariablement de peuplements de poissons, ce qui exacerbe le problème.
Voilà où entrent en jeu les insectes comestibles. « Les insectes comestibles renferment des protéines, des vitamines et des acides aminés de qualité que peuvent consommer tant les humains que les animaux, notamment le poisson », explique M. Vandenberg. « Les insectes se nourrissent de déchets organiques et leur taux de conversion est élevé, ce qui signifie que les insectes requièrent beaucoup moins de nourriture que les autres animaux. »
Pour le moment, la recherche de M. Vandenberg est axée sur deux types d’insectes en particulier, la mouche soldat noire et le ver de farine, deux espèces à croissance rapide se nourrissant de grandes quantités de matière organique, qui pourraient s’avérer d’excellentes candidates pour nourrir le poisson d’élevage.
« L’utilisation de farine d’insecte pour nourrir le poisson d’élevage représente une innovation importante qui gagnera inévitablement du terrain jusqu’à permettre de nourrir d’autres espèces animales, voire l’être humain », ajoute-t-il.
Les insectes comestibles dans notre alimentation
« Il est amusant de voir la réaction qu’ont les personnes de culture occidentale non initiées à l’idée que les insectes puissent servir de nourriture. De nombreux pays non occidentaux intègrent déjà les insectes à leur régime alimentaire de base », indique M. Vandenberg. « En tant qu’aliment, les insectes sont tout aussi naturels que les huîtres, les crevettes, le poisson ou le bœuf, mais les gens en sont dédaigneux », dit-il en riant.
M. Vandenberg espère que les perceptions changeront au fur et à mesure que la recherche continue de révéler les indéniables avantages que peuvent procurer les insectes comestibles dans le monde entier, notamment pour mettre fin à la famine et pour protéger l’environnement. « Les insectes sont, tout simplement, des animaux », conclut M. Vandenberg.
Qui sait? Dans un avenir rapproché, peut-être les parents diront-ils à leurs enfants « mange tes insectes! » Bon appétit!